A gauche sont calligraphiées les 7 vertues essentielles du budo

 

Rurôni Kenshin : un manga différent.

Rurouni Kenshin, est publié en 1994 dans la revue Shonen Jump Magazine, la revue numéro un au Japon, qui publia en son temps des mangas devenus cultes comme Hokuto no Ken, Space Cobra, City Hunter et Dragon Ball.

En France, le manga est composé de 28 tomes soit 255 chapitres. Il est édité par Glénat dans une traduction de Miyamoto Wako et Olivier Prézeau. (16 tomes sont déjà parus), sous le titre " Kenshin le Vagabond. "

Au milieu des productions résolument héroïc fantasy, ou SF, Kenshin dont l'intrigue prend place au début de l'ère Meiji, juste après une ère troublé étonne et surprend... dans le bon sens.

Le Manga Kenshin le Vagabond mérite d'être lu pour trois raisons essentielles :

Le background historique, particulièrement riche et développé, est vérifié : mis à part le fait que l'on n'est pas certain qu'une femme puisse diriger un Dojo à l'époque où se situe l'action, tout le reste est exact ou plausible et ce jusque dans les moindres détails. (les noms des Shinsen Gumi …). Les mouvements d'escrime sont diversifiés et réalisables pour la plupart d'entre eux ; sauf peut être certaines techniques de Kenshin qui mettent en jeu la vitesse. Certaines techniques existent (notamment le Hiratsuki, spécialité des Shinsengumi).  

L’évolution et le développement des personnages, ils ont tous des secrets, une histoire à cacher. Au fur et à mesure que l’on fait leur connaissance, on se familiarise avec eux, mais on ne peut jamais être sur de les connaître vraiment, face à un rebondissement de l’histoire, ils ne réagissent pas souvent comme on s’y attendait. Il y a toujours quelque chose à apprendre d’eux, ce qui rend la série attachante. N’oublions pas les adversaires principaux de Kenshin, qui, s’ils sont haïssables, ne sont ni tout blancs, ni tout noirs, leurs motivations ne sont pas louables, mais ils ne veulent pas uniquement détruire la ville ou tuer le héros, ils sont toujours impliqués dans autre chose : faire du commerce avec l’occident ou prospecter de « l’huile de pierre » (du pétrole) par exemple. Leurs desseins sont réalistes, Shishio par exemple, veut faire du Japon une nation forte en utilisant la seule chose qu’il connaisse. Ce genre de méchant pourrait exister.

Enfin, on peut parfois regretter le fait que Kenshin ne puisse s’empêcher de faire la morale aux ennemis qu’il combat, mais il transmet le message le plus important qui soit, dans un univers où les samouraïs et les hommes d’épée n’ont plus leur place comme au temps du Japon féodal et ne savent pas forcément s’adapter, Himura Kenshin transmet la volonté de vivre, vivre pour expier ses péchés, vivre pour aider son prochain, vivre pour continuer une œuvre, se prenant parfois en exemple : lui le battosaï qui a fait le vœu de ne plus tuer personne en utilisant un sakabato. C’est grace à lui que Shinomori Aoshi retrouvera le chemin du pardon, c’est grâce à lui que Myojin Yahiko passera de pickpocket sans avenir à jeune kendoka plein de promesses. Dans un Japon en pleine mutation, qui passe sans transition d’une ère féodale à l’industrialisation, Kenshin transmet un message d’espoir. Rurouni Kenshin, c’est bien plus qu’une incessante série de combats impressionnants. 

 

 

 

A propos de la traduction de Glénat

Si elle est d'une certaine qualité, la traduction n'est pas toujours très judicieuse : on aurait pu conserver suffixes de politesse, les sensei et sama sont difficiles à rendre correctement. Mais le plus gênant à mon avis reste qu'on ne peut pas très bien se rendre compte de la politesse excessive de Himura Kenshin : Kaoru-dono, veut dire bien plus que Mademoiselle Kaoru, les anglophones traduisent par exemple par Lady Kaoru, et les " de gozaru " (littéralement : ainsi parle cette humble personne) systématiques n'ont pas été traduits, c'est dommage, cela aurait permis de comprendre à quel point la politesse de Kenshin peut être pesante, et à contrario à quel point Battosaï l'assassin est direct, tranchant comme la lame d'un sabre.

Graphiquement, les traducteurs ont fait l'effort de traduire les onomatopées. Je pense que c'était une erreur, en effet, la lisibilité des combats s'en trouve très diminuée, on s'en rend très bien compte dans le combat Kenshin/Shishio. Il faudrait pouvoir trouver une solution intermédiaire, car les onomatopées japonaises, donnent une dynamique aux combats, qu'il est dommage de perdre.


"Le sabre est une arme, le budo est un art de tuer, peu importe les belles paroles dont on se sert pour le justifier, tuer sera toujours tuer... Mais les rêveurs comme Kaoru-dono, utilisent cette discipline pour quelque chose de plus profond. Et je préfère adhérer à ce que Kaoru-dono croit, plutôt que de m'en tenir aux faits, un jour peut être tout le monde comprendra pourquoi sa façon de penser est la meilleure." 

 Himura Kenshin premier épisode de l'anime

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