La Période post féodale (1568-1839) et l'ère Edo (1603-1868).

(sources : Encyclopedia universalis, edo.fr et le dictionnaire d'histoire Mourre)

La période post-féodale

L’arrivée des Occidentaux et la fin des guerres féodales

Vers 1543, les Portugais abordèrent Tanegashima, petite île au sud de Kyushu ; en 1549, saint François Xavier débarquait à Kagoshima. Durant son séjour de plus de deux ans, François se rendit à Kyoto ravagé par la guerre civile, puis fonda les premières églises dans la région de Yamaguchi et dans celle de Funai, en l’île de Kyushu, dont le seigneur Otomo allait plus tard se convertir au christianisme. Après le départ de François, cette religion se propagea rapidement, sous la protection des daimyo convertis. Les marchands portugais, bientôt suivis par les Espagnols, puis par les Anglais et les Hollandais, fréquentaient les ports de Hirado, Hakata, Funai (Kyushu), Sakai au sud d’Osaka et Anotsu dans la baie de Nagoya. La Société de Jésus, de son côté, prit en concession Nagasaki dont elle monopolisa le commerce, en particulier celui de la soie grège.

Face à la pénétration occidentale, les Japonais ne restèrent pas inactifs. Pour le compte des maîtres successifs du Japon et des daimyo , des navires essaimèrent dans les mers bordant la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est. Le premier, Toyotomi Hideyoshi accorda une patente aux négociants qu’il voulut distinguer de ceux qu’il considérait comme des aventuriers. Au début du XVIIe siècle, Tokugawa Ieyasu réglementa cette patente : elle devait être attribuée à un navire pour un seul voyage à destination d’un port étranger déterminé. Plus de trois cents patentes furent ainsi délivrées pendant le premier tiers du XVIIe siècle. Les navires mettaient environ quinze jours pour gagner Formose, un mois pour atteindre le détroit de Malacca ; ils jaugeaient 250 à 300 tonneaux en moyenne et certains jusqu’à 800 tonneaux. Les Japonais avaient appris à utiliser le compas et l’astrolabe. Ils se dirigeaient vers les ports de Formose, vers celui de Macao en Chine continentale, ceux des Philippines, de l’Indonésie, de l’Indochine et du Siam. Il y eut des quartiers japonais à Manille, Tourane, Haiphong, Phnom Penh et Ayutiya. Transportés par des navires étrangers, les produits japonais atteignirent les marchés de l’Inde et de l’Iran et parvinrent même jusqu’à Basra et Moka.

Cependant, le pays avait retrouvé son unité. Oda Nobunaga (1534-1582), petit seigneur de la région de Nagoya, conquit un fief important et fit son entrée à Kyoto en 1568. Après avoir feint de rétablir l’autorité du shogun , il exila celui-ci ; il allait réaliser l’unification politique du Japon, lorsqu’il mourut victime de la révolte de l’un de ses lieutenants, en 1582. Un autre de ses lieutenants, Toyotomi Hideyoshi (1536-1598), de fort modeste origine, acheva son œuvre, en 1590, en pacifiant le nord de Honshu, après avoir conquis Kyushu et la plaine d’Edo. Il bénéficia des plus hautes distinctions de la cour impériale et entreprit l’unification économique et administrative du Japon : les paysans furent désarmés, les arpentages furent commencés sur toute l’étendue du territoire, l’artisanat et le commerce furent encouragés. Afin de protéger l’expansion japonaise et d’assurer la paix à l’intérieur, il lança par deux fois (1592 et 1597) son armée en Corée. Mais il mourut en 1598, tandis que la guerre piétinait, après l’intervention massive des Ming. Il laissait un jeune successeur qu’il avait confié à cinq tuteurs. L’un de ceux-ci, Tokugawa Ieyasu (1543-1616), petit-fils de daimyo , s’était lui-même taillé un fief à l’est de Nagoya, lorsqu’il fit serment de fidélité à Nobunaga. Il se soumit par la suite à Hideyoshi. Celui-ci fit transférer son fief dans la plaine de l’actuel Tokyo, que l’on appelait alors Edo et qui devint la capitale des shogun Tokugawa. Il refusa de participer à l’expédition en Corée et, dès qu’il devint tuteur de Hideyori, successeur de Hideyoshi, il négocia la paix avec les Ming. Décidé à supplanter les Toyotomi, il provoqua leurs fidèles qu’il vainquit à la bataille de Sekigahara (1600). Il reçut l’hommage des daimyo qui avaient survécu à ce conflit décisif et fut nommé shogun en 1603 ; il légua de son vivant ce titre à son fils. Ayant confiné les Toyotomi dans le château d’Osaka, il les assiégea et les accula à l’extermination (1614-1615). À sa mort, il avait mis fin définitivement aux guerres féodales et avait fondé une nouvelle dynastie de shogun .

Le régime des Tokugawa : L'ère Edo

Comme Ieyasu, le deuxième shogun Tokugawa transmit avant sa mort sa charge à son propre fils. À partir de la quatrième génération, un messager accomplissant une simple formalité portait de Kyoto à Edo la charte impériale donnant mandat au nouveau shogun de légiférer sur tout l’Empire. Ainsi, la dynastie shogunale des Tokugawa dura jusqu’en 1867. Au milieu du XVIIIe siècle, le pouvoir personnel du shogun était encore effectif ; par la suite, il tendit à devenir honorifique. Assisté d’un conseil, le shogun , bien que sujet de l’empereur, avait autorité sur tout le Japon. Responsable de l’ordre à l’intérieur, il convoquait les armées seigneuriales et les commandait, il était préposé aux relations avec les pays étrangers et décidait de la guerre et de la paix.

Les compétences du shogun ne furent pas prédéterminées par un statut, mais progressivement établies dans les faits. Sa lignée ne fut respectée que dans la mesure où on lui reconnaissait le pouvoir d’imposer la paix, à l’extérieur comme à l’intérieur. Or, la paix supposait la soumission des chrétiens, la bonne entente avec les pays étrangers et la suppression des guerres privées dans l’Empire.

Le christianisme

Nobunaga n’avait pas réservé un mauvais accueil au christianisme qui lui parut sans doute une doctrine apte à rivaliser avec les sectes bouddhiques contre lesquelles il avait été en lutte. Hideyoshi, quant à lui, craignant probablement que la propagation du christianisme ne fût le prélude à une invasion armée des Occidentaux, en interdit la prédication ; mais si, d’une part, il fit exécuter vingt-six chrétiens en 1597, il eut soin d’autre part de se montrer relativement tolérant, pour ménager le commerce avec les Portugais à Nagasaki. Enfin, Ieyasu paraît avoir été indifférent aux problèmes religieux ; cependant, lorsqu’on découvrit une chrétienne dans l’entourage de son fils, shogun en titre, il ne s’opposa pas à la persécution. Désormais, les chrétiens furent traqués, un grand nombre d’entre eux furent expulsés du Japon en 1614, et, par la suite, ceux qui furent découverts dans le pays furent presque tous exterminés, avant la fin du XVIIe siècle. Le christianisme fut jugé incompatible avec l’ordre intérieur, parce que trop lié à des pouvoirs étranges.

Texte tiré de l'Encyclopédia Universalis (le CD-Rom)

L'ère Edo

L'ère Edo, est la plus grande période de paix et de prospérité qu'ai connu le Japon et ce grâce à l'instauration d'une loi par Tokugawa Ieyasu : chaque Daimyo devrait résider à Edo (désormais la capitale) un an sur deux, et quand il n'y serait pas, il devra y laisser au moins un membre de sa famille. C'est le Sankin Kotai, qui lui permit de s'assurer la loyauté de tous es vassaux. Il remodèle la carte du pays afin de mettre en place une structure féodale centralisée et puissante.

Ieyasu instaure le Sakoku, une politique isolationiste édictée en 1636, il ne sera brisé qu' à la fin du shogunat Edo (par le commodore Perry en 1853). Les japonais ne peuvent pas quitter le pays sans risquer la peine de mort à leur retour, et les étrangers sont étroitement surveillés : seule la petite île de Deshima, proche des installations portuaires de Nagasaki reste ouverte aux Hollandais ; et les chinois ont un quatier réservé dans la ville de Nagasaki. Le Japon n'igorait donc pas complètement le monde extérieur, de plus (certes pour une élite modernisée et riche) les ports d'Okinawa, Tsushima et Hokkaido permettaient un commerce important et un contact quasi permanent avec l'étranger.

S'il n'était pas complètement isolé du monde, le Japon resta replié sur lui-même durant toute la période du Sakoku (qui signifie fermmeture en japonais). C'est l'ère Meiji qui adopta le concept de fermeture, afin d'accuser le contraste avec sa propre volonté personnelle d'ouverture.

Cette époque de paix permet aux samouraïs de développer l'aspect connaissance et maîtrise de leur art du combat : on abandonne la lance, une arme qui privilégie la force pure, pour le sabre, qui nécessite une plus grande maîtrise du corps et du mouvement. Pour éviter les débordement, Tokugawa dresse une liste de 13 règles (le Buke Sho Hatto qui peut se raprocher d'une certaine manière des règles la chevalerie occidentale) qui dictaient leur conduite aux samouraïs en temps de paix. En plus, afin que le savoir ne se perde pas, on mis en place un système d'écoles (les Koryu) très structuré.

Parallèlement, le commerce se développe, et l'Epoque Edo est marquée par l'ascencion de la classe marchande, la paix favorise la naissance d'une véritable économie nationale, la circulation des biens s'accélère, et les marchands développent le crédit pour financer le train de vie des seigneurs qui résident en ville. Les maisons de commerce (comme Mitsui) font leur apparition. Les paysans acquièrent une plus grande autonomie, les campagnes s'enrichissent, l'enseignement se développe (45 % des hommes savent lire et écrire). La crise économique de la fin du XVIIIe siècle entraîne des réformes ; si celles des Tokugawa échouent, les réformes des plus puissants fiefs de l'extérieur, Satsuma et Choshu, réussissent. Il en résultera, au milieu du XIXe siècle, une inversion du rapport de forces entre les fiefs.

Pourtant, en plus de la décadence que ne manque pas de connaître un système politique vieux de plusieurs siècles, deux concours de circonstances entraînèrent irrémédiablement le shogunat Tokugawa a sa perte : d'abord les luttes larvées séculaires entre clans et ensuite l'expansionnisme des occidentaux.

Au XIXe siècle, avec la fondation de l'Ecole Nationale du savoir, plusieurs samouraïs s'intéressèrent de plus près à l'histoire du Japon et certains d'entre eux, dont le penseur Takayama Hikokuro, étaient convaincus que l'Empereur seul était digne d'être chef de l'état japonais. Cette idée plu à ceux qui avaient perdu la bataille de Sekigahara face au clan Tokugawa deux siècles plutôt et notamment aux clan de Satsuma et de Choshu, alors très puissants mais politiquement divisés malgré leur rancoeur commune pour le clan Tokugawa.

En 1868, l'Epoque Edo prend fin, après une période de troubles sanglants et violents opposant partisans du pouvoir en place et partisans de l'Empereur. Après la bataille de Boshin, l'Empereur Meiji assuma le pouvoir, c'était l'an 1 de l'ère Meiji, une ère d'ouverture et de progrès où les samouraïs dernières réminiscences féodales d'une époque désormais révolue n'avaient plus leur place.

 

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