La période post-féodale
Larrivée des Occidentaux
et la fin des guerres féodales
Vers 1543, les Portugais abordèrent
Tanegashima, petite île au sud de Kyushu ; en 1549, saint
François Xavier débarquait à Kagoshima.
Durant son séjour de plus de deux ans, François
se rendit à Kyoto ravagé par la guerre civile,
puis fonda les premières églises dans la région
de Yamaguchi et dans celle de Funai, en lîle de Kyushu,
dont le seigneur Otomo allait plus tard se convertir au christianisme.
Après le départ de François, cette religion
se propagea rapidement, sous la protection des daimyo convertis.
Les marchands portugais, bientôt suivis par les Espagnols,
puis par les Anglais et les Hollandais, fréquentaient
les ports de Hirado, Hakata, Funai (Kyushu), Sakai au sud dOsaka
et Anotsu dans la baie de Nagoya. La Société de
Jésus, de son côté, prit en concession Nagasaki
dont elle monopolisa le commerce, en particulier celui de la
soie grège.
Face à la pénétration
occidentale, les Japonais ne restèrent pas inactifs. Pour
le compte des maîtres successifs du Japon et des daimyo
, des navires essaimèrent dans les mers bordant la Chine
et les pays dAsie du Sud-Est. Le premier, Toyotomi Hideyoshi
accorda une patente aux négociants quil voulut distinguer
de ceux quil considérait comme des aventuriers.
Au début du XVIIe siècle, Tokugawa Ieyasu réglementa
cette patente : elle devait être attribuée à
un navire pour un seul voyage à destination dun
port étranger déterminé. Plus de trois cents
patentes furent ainsi délivrées pendant le premier
tiers du XVIIe siècle. Les navires mettaient environ quinze
jours pour gagner Formose, un mois pour atteindre le détroit
de Malacca ; ils jaugeaient 250 à 300 tonneaux en moyenne
et certains jusquà 800 tonneaux. Les Japonais avaient
appris à utiliser le compas et lastrolabe. Ils se
dirigeaient vers les ports de Formose, vers celui de Macao en
Chine continentale, ceux des Philippines, de lIndonésie,
de lIndochine et du Siam. Il y eut des quartiers japonais
à Manille, Tourane, Haiphong, Phnom Penh et Ayutiya. Transportés
par des navires étrangers, les produits japonais atteignirent
les marchés de lInde et de lIran et parvinrent
même jusquà Basra et Moka.
Cependant, le pays avait retrouvé
son unité. Oda Nobunaga (1534-1582), petit seigneur de
la région de Nagoya, conquit un fief important et fit
son entrée à Kyoto en 1568. Après avoir
feint de rétablir lautorité du shogun , il
exila celui-ci ; il allait réaliser lunification
politique du Japon, lorsquil mourut victime de la révolte
de lun de ses lieutenants, en 1582. Un autre de ses lieutenants,
Toyotomi Hideyoshi (1536-1598), de fort modeste origine, acheva
son uvre, en 1590, en pacifiant le nord de Honshu, après
avoir conquis Kyushu et la plaine dEdo. Il bénéficia
des plus hautes distinctions de la cour impériale et entreprit
lunification économique et administrative du Japon
: les paysans furent désarmés, les arpentages furent
commencés sur toute létendue du territoire,
lartisanat et le commerce furent encouragés. Afin
de protéger lexpansion japonaise et dassurer
la paix à lintérieur, il lança par
deux fois (1592 et 1597) son armée en Corée. Mais
il mourut en 1598, tandis que la guerre piétinait, après
lintervention massive des Ming. Il laissait un jeune successeur
quil avait confié à cinq tuteurs. Lun
de ceux-ci, Tokugawa Ieyasu (1543-1616), petit-fils de daimyo
, sétait lui-même taillé un fief à
lest de Nagoya, lorsquil fit serment de fidélité
à Nobunaga. Il se soumit par la suite à Hideyoshi.
Celui-ci fit transférer son fief dans la plaine de lactuel
Tokyo, que lon appelait alors Edo et qui devint la capitale
des shogun Tokugawa. Il refusa de participer à lexpédition
en Corée et, dès quil devint tuteur de Hideyori,
successeur de Hideyoshi, il négocia la paix avec les Ming.
Décidé à supplanter les Toyotomi, il provoqua
leurs fidèles quil vainquit à la bataille
de Sekigahara (1600). Il reçut lhommage des daimyo
qui avaient survécu à ce conflit décisif
et fut nommé shogun en 1603 ; il légua de son vivant
ce titre à son fils. Ayant confiné les Toyotomi
dans le château dOsaka, il les assiégea et
les accula à lextermination (1614-1615). À
sa mort, il avait mis fin définitivement aux guerres féodales
et avait fondé une nouvelle dynastie de shogun .
Le régime des Tokugawa : L'ère
Edo
Comme Ieyasu, le deuxième
shogun Tokugawa transmit avant sa mort sa charge à son
propre fils. À partir de la quatrième génération,
un messager accomplissant une simple formalité portait
de Kyoto à Edo la charte impériale donnant mandat
au nouveau shogun de légiférer sur tout lEmpire.
Ainsi, la dynastie shogunale des Tokugawa dura jusquen
1867. Au milieu du XVIIIe siècle, le pouvoir personnel
du shogun était encore effectif ; par la suite, il tendit
à devenir honorifique. Assisté dun conseil,
le shogun , bien que sujet de lempereur, avait autorité
sur tout le Japon. Responsable de lordre à lintérieur,
il convoquait les armées seigneuriales et les commandait,
il était préposé aux relations avec les
pays étrangers et décidait de la guerre et de la
paix.
Les compétences du
shogun ne furent pas prédéterminées par
un statut, mais progressivement établies dans les faits.
Sa lignée ne fut respectée que dans la mesure où
on lui reconnaissait le pouvoir dimposer la paix, à
lextérieur comme à lintérieur.
Or, la paix supposait la soumission des chrétiens, la
bonne entente avec les pays étrangers et la suppression
des guerres privées dans lEmpire.
Le christianisme
Nobunaga navait pas
réservé un mauvais accueil au christianisme qui
lui parut sans doute une doctrine apte à rivaliser avec
les sectes bouddhiques contre lesquelles il avait été
en lutte. Hideyoshi, quant à lui, craignant probablement
que la propagation du christianisme ne fût le prélude
à une invasion armée des Occidentaux, en interdit
la prédication ; mais si, dune part, il fit exécuter
vingt-six chrétiens en 1597, il eut soin dautre
part de se montrer relativement tolérant, pour ménager
le commerce avec les Portugais à Nagasaki. Enfin, Ieyasu
paraît avoir été indifférent aux problèmes
religieux ; cependant, lorsquon découvrit une chrétienne
dans lentourage de son fils, shogun en titre, il ne sopposa
pas à la persécution. Désormais, les chrétiens
furent traqués, un grand nombre dentre eux furent
expulsés du Japon en 1614, et, par la suite, ceux qui
furent découverts dans le pays furent presque tous exterminés,
avant la fin du XVIIe siècle. Le christianisme fut jugé
incompatible avec lordre intérieur, parce que trop
lié à des pouvoirs étranges.
Texte tiré de l'Encyclopédia
Universalis (le CD-Rom)
L'ère Edo
L'ère Edo, est la plus
grande période de paix et de prospérité
qu'ai connu le Japon et ce grâce à l'instauration
d'une loi par Tokugawa Ieyasu : chaque Daimyo devrait résider
à Edo (désormais la capitale) un an sur deux, et
quand il n'y serait pas, il devra y laisser au moins un membre
de sa famille. C'est le Sankin Kotai, qui lui permit de s'assurer
la loyauté de tous es vassaux. Il remodèle la carte
du pays afin de mettre en place une structure féodale
centralisée et puissante.
Ieyasu instaure le Sakoku,
une politique isolationiste édictée en 1636, il
ne sera brisé qu' à la fin du shogunat Edo (par
le commodore Perry en 1853). Les japonais ne peuvent pas quitter
le pays sans risquer la peine de mort à leur retour, et
les étrangers sont étroitement surveillés
: seule la petite île de Deshima, proche des installations
portuaires de Nagasaki reste ouverte aux Hollandais ; et les
chinois ont un quatier réservé dans la ville de
Nagasaki. Le Japon n'igorait donc pas complètement le
monde extérieur, de plus (certes pour une élite
modernisée et riche) les ports d'Okinawa, Tsushima et
Hokkaido permettaient un commerce important et un contact quasi
permanent avec l'étranger.
S'il n'était pas complètement
isolé du monde, le Japon resta replié sur lui-même
durant toute la période du Sakoku (qui signifie fermmeture
en japonais). C'est l'ère Meiji qui adopta le concept
de fermeture, afin d'accuser le contraste avec sa propre volonté
personnelle d'ouverture.
Cette époque de paix
permet aux samouraïs de développer l'aspect connaissance
et maîtrise de leur art du combat : on abandonne la lance,
une arme qui privilégie la force pure, pour le sabre,
qui nécessite une plus grande maîtrise du corps
et du mouvement. Pour éviter les débordement, Tokugawa
dresse une liste de 13 règles (le Buke Sho Hatto qui peut
se raprocher d'une certaine manière des règles
la chevalerie occidentale) qui dictaient leur conduite aux samouraïs
en temps de paix. En plus, afin que le savoir ne se perde pas,
on mis en place un système d'écoles (les Koryu)
très structuré.
Parallèlement, le commerce
se développe, et l'Epoque Edo est marquée par l'ascencion
de la classe marchande, la paix favorise la naissance d'une véritable
économie nationale, la circulation des biens s'accélère,
et les marchands développent le crédit pour financer
le train de vie des seigneurs qui résident en ville. Les
maisons de commerce (comme Mitsui) font leur apparition. Les
paysans acquièrent une plus grande autonomie, les campagnes
s'enrichissent, l'enseignement se développe (45 % des
hommes savent lire et écrire). La crise économique
de la fin du XVIIIe siècle entraîne des réformes
; si celles des Tokugawa échouent, les réformes
des plus puissants fiefs de l'extérieur, Satsuma et Choshu,
réussissent. Il en résultera, au milieu du XIXe
siècle, une inversion du rapport de forces entre les fiefs.
Pourtant, en plus de la décadence
que ne manque pas de connaître un système politique
vieux de plusieurs siècles, deux concours de circonstances
entraînèrent irrémédiablement le shogunat
Tokugawa a sa perte : d'abord les luttes larvées séculaires
entre clans et ensuite l'expansionnisme des occidentaux.
Au XIXe siècle, avec
la fondation de l'Ecole Nationale du savoir, plusieurs samouraïs
s'intéressèrent de plus près à l'histoire
du Japon et certains d'entre eux, dont le penseur Takayama Hikokuro,
étaient convaincus que l'Empereur seul était digne
d'être chef de l'état japonais. Cette idée
plu à ceux qui avaient perdu la bataille de Sekigahara
face au clan Tokugawa deux siècles plutôt et notamment
aux clan de Satsuma et de Choshu, alors très puissants
mais politiquement divisés malgré leur rancoeur
commune pour le clan Tokugawa.
En 1868, l'Epoque Edo prend
fin, après une période de troubles sanglants et
violents opposant partisans du pouvoir en place et partisans
de l'Empereur. Après la bataille de Boshin, l'Empereur
Meiji assuma le pouvoir, c'était l'an 1 de l'ère
Meiji, une ère d'ouverture et de progrès où
les samouraïs dernières réminiscences féodales
d'une époque désormais révolue n'avaient
plus leur place.
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